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mercredi 28 mars 2012

Le vent, les brebis et le Berger

Image tirée de www.elheraldo.hn/
En ce mois de janvier 1998, à la fin de la messe de Jean-Paul II sur la Place de la Révolution, un vent frais avait parcouru l’immense esplanade. Mon fils était assis sur les épaules de son père et la brise lui avait ébouriffé les cheveux. Le Pape avait alors terminé son homélie, mais il avait quand même repris le micro et avait consacré quelques mots en latin à cette bourrasque joueuse qui décoiffait la foule. “Spiritus spirat ubi vult et vult Cubam” avait-il déclaré solennellement. Nous sommes rentrés chez nous peu de temps après, serrés parmi des milliers de personnes vêtues de blanc et de jaune. Depuis lors, j’ai la sensation que l’ouragan n’a plus cessé de nous balayer, que cette rafale est venue parcourir l’île, remuer la vie de chacun d’entre nous.

Benoît XVI n’est pas encore arrivé à Cuba et le tourbillon est déjà d’une certaine manière en train de nous secouer. Chez les fidèles catholiques, on sent cette joie liée à la visite papale et l’espoir que celle-ci contribue à accroître le rôle de l’Eglise dans notre société. Pour ceux qui ont dû cacher leurs crucifix durant des décennies par crainte de l’athéisme radical, la lente élimination de l’intolérance religieuse est un soulagement. C’est déjà pour beaucoup une victoire suffisante que l’on puisse aujourd’hui retransmettre des messes à la télévision officielle et que l’on autorise dans les rues les processions portant l’image de la vierge de la Charité. Malgré tout, pour chaque minute grappillée par la hiérarchie ecclésiastique dans les médias et pour chaque mot échangé avec le gouvernement autour de la table des négociations, on déplore aussi une part de perte et d’échec. Parce que, ne nous trompons pas, la clandestinité des catacombes est plus en accord avec le discours du Christ que la proximité confortable avec le trône.
A moins de 24 heures de l’arrivée du Pape à Cuba, le scénario de son séjour chez nous est déjà écrit et pas vraiment par le comité du Vatican. Le gouvernement de Raul a entamé un “nettoyage idéologique” pour éviter que des activistes, dissidents, opposants, journalistes indépendants, blogueurs alternatifs et autres “non-conformes” ne se rendent sur les places où sa Sainteté va parler. Menaces en cas de sortie du domicile, moyens disproportionnés, arrestations, lignes téléphoniques coupées, personnes déportées depuis la région orientale du pays pour les empêcher d’être sur la Place Antonio Maceo lundi prochain. Une razzia d’intransigeance qui rappelle l’époque des scapulaires arrachés et des soutanes sur lesquelles crachaient les fils fanatiques d’une Révolution qui s’était déclarée matérialiste et dialectique. Bien sûr on ne traque plus aujourd’hui les rosaires, mais on continue à harceler les opinions. Aujourd’hui, posséder un tableau du Sacré-Coeur de Jésus ne coûte plus son emploi à qui que ce soit, mais croire qu’une Cuba libre est possible vous condamnera à subir la stigmatisation et le calvaire. Nous pouvons aujourd’hui prier à voix haute, mais critiquer le gouvernement est toujours synonyme de péché, de blasphème.
Benoît XVI détient maintenant entre ses mains et dans sa voix le choix de laisser confisquer cette visite par les intentions d’un parti qui continue d’avoir comme doctrine le marxisme léninisme. C’est dans ses yeux que réside la capacité de se rendre compte que parmi les fidèles réunis sur les places il manque de nombreuses brebis du troupeau cubain empêchées d’arriver à portée de sa crosse. C’est dans son oreille qu’est la décision d’écouter d’autres voix qui ne soient pas les officielles et les strictement pastorales. Doté de cette sagesse millénaire que l’Eglise évoque face à chaque obstacle, le Pape doit savoir que durant cette visite se joue une partie de la présence et de l’influence de la foi catholique dans le futur de la nation. Sa main, sa voix, ses oreilles peuvent nous confirmer qu’il comprend la dimension transcendantale du moment.
Peut-être qu’un vent farceur échappera au contrôle, se jouera de la police politique et fera irruption dans la foule. Une brise libre dans un pays bâillonné qui véhiculera jusqu’aux tympans papaux ces vibrations, ces phrases que nous pouvons seulement susurrer à voix basse.
Traduction M. Kabous

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