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dimanche 16 octobre 2011

La tentation du loup…


A quoi bon hurler quand il n’y a personne pour écouter. A quoi bon gémir si ce n’est pour subir la gène de s’être trop livré et ensuite le regretter. Jeannet en était arrivé au point où il était urgent de se taire. Urgent de garder pour soi les souffrances de son corps, les douleurs de son âme. A quoi bon tenter de communiquer si personne n’entendait cette longue plainte. Au début il avait bien essayé de faire partager ce qu’il pouvait ressentir. La lente détérioration, de ce corps de plus en plus inutile s’accompagnait maintenant de la perte de ses repères mentaux. Résister, se rebeller il avait bien essayé, un loup se coupe bien la patte à force de la mordre lorsqu’elle est prise dans un piège. Mais là, le piège il était partout et surtout en lui.

Ce qui le mettait en rage c’est que tout se passait de façon inéluctable, la machine se bousillait par bribes, il ne le voyait pas venir, et lorsque c’était là, c’était déjà trop tard. Donner une relation de cette litanie ne servirait à rien, et d’ailleurs Jeannet se refusait d’en parler. Tout se passait dans un ordre imprévisible et irrémédiable. Lorsque c’était là, il était déjà trop tard. Certains médecins lui avaient bien laissé envisager, que, quelquefois il se pourrait bien, peut être, avec un peu de chance, qu’il y aurait réversibilité. Oui, et bien non, que nenni à ce jour il n’avait rien constaté de semblable. Au contraire, il y avait cumul et aggravation. Et la vigueur du loup se dégradait jusqu’à le mettre aux limites du ban de la meute, comme ces loups oméga sur lesquels les autres s’acharnaient pour cacher la honte de leur propre soumission.
Un loup pour être heureux doit être dominant, dans une meute il ne doit y en avoir qu’un seul et il avait été celui là. Il en imposait aux autres par sa force tout d’abord mais aussi et surtout par son intelligence. Car sans intelligence à sa tête une meute se délite, et ses membres un à un la quittent pour peut être si ils s’en avèrent capables en reconstituer une autre plus loin, là bas sur d’autres terres, par delà les sommets. Il avait eu la possibilité du choix, celle de se désigner une femelle, celle qui pourrait lui faire des enfants, la seule, l’unique à avoir ce droit incontestable. Tous les autres mâles et les autres femelles, existences misérables se contentant de furtifs ébats, vite réprimés, pour ne pas entraîner le courroux du chef.
Et maintenant il était vieux, cela faisait longtemps que sa dernière femelle était partie, emmenant avec elle marmaille et soupirants. Il restait là à errer, entre une rivière et une cheminée contre laquelle le fusil était accoudé attendant le moment. Le plus dur était de prendre la décision, passer le cap, tirer un trait. La vie est une coquine qui te tire du lit par les doigts de pieds même lorsque tu ne veux plus te réveiller. Une nuit sans lune Jeannet sortit sur le pas de la porte face à la forêt et hurla pendant de longues minutes jusqu’à sentir ses poumons le brûler. Mais aucun cri, ni gémissement, ne lui répondit, il était bien seul. Alors épuisé, après avoir une dernière fois humé animalement l’air vif des pins il rentra dans le chalet.
Quelques instants plus tard une détonation roula en cascade de sommets en sommets.

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