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mercredi 4 mai 2011

L'EQUILIBRE DU MONDE de Rohinton Mistry

C'est précisément en 1975 à Bombay, lorsque Indira Gandhi décrète l'Etat d'urgence, que quatre destinées radicalement différentes se rejoignent contre toute attente dans l'appartement de Dina Dalal. Jolie veuve d'une quarantaine d'années, Dina est la digne fille de son père, médecin parsi qui s'était sacrifié pour soigner les pauvres dans les campagnes. Rejetant l'autorité de son frère Nusswan, Dina avait épousé par amour un homme sans envergure sociale. Sa mort accidentelle l'avait laissée dans la misère. Sa seule ressource: le modeste appartement conjugal. Elle y ferait de la confection avec l'aide de deux tailleurs, y ajouterait un hôte payant, le tout en cachette du redoutable propriétaire et de son pittoresque collecteur de loyers.Les deux tailleurs, Ishvar et son neveu Omprakash, appartiennent à la caste des intouchables Chamaar. Leur effroyable histoire soulève le gravissime problème des castes en Inde: en abandonnant le métier de tanneur de cuir auquel le vouait irrémédiablement sa naissance, le frère d'Ishvar avait dramatiquement bousculé l'ordre des choses. 

Lorsque Ishvar et son neveu tentèrent leur chance à la ville après le massacre de leur famille, ils se retrouvèrent au chaud dans l'appartement. Le locataire enfin, Maneck Kohlal, quitte une montagne admirable et un père rétrograde pour étudier en ville les techniques de la réfrigération. Voilà un conflit de générations froidement réglé. Quatre personnages apprendront à se connaître, à cohabiter, malgré leurs différences de caste, d'âge, de classe, de religion, pendant qu'au dehors l'Etat d'urgence fait rage avec le massacre des opposants et le scandale des stérilisations forcées. Outre l'étude des caractères, les tragédies personnelles et politiques, une multitude de silhouettes et d'aventures cocasses ou dramatiques animent cette fresque grouillante d'humanité, qui couvre avec humour et tendresse huit ans de vie contemporaine en Inde.
Extrait :
Dina Dahal se permettait rarement de jeter sur son passé un regard triste ou amer, ou de se demander pourquoi les choses avaient tourné comme elles avaient tourné, la privant de l'avenir brillant que tout le monde lui présidait quand elle s'appelait encore Dina Schroff. Et s'il lui arrivait de plonger dans ces pensées moroses, elle se forçait à en émerger rapidement. À quoi bon remâcher la même histoire, se disait-elle- par quelque biais qu'elle la prenne, elle finissait toujours de la même façon.
Son père était médecin généraliste à la clientèle modeste et qui respectait le serment d'Hippocrate avec plus de ferveur que beaucoup de se confrères. Au début de la carrière du Dr Schroff, ses pairs, sa famille, les médecins plus âgés voyaient dans son zèle au travail une caractéristique typique de sa jeunesse et de sa vigueur. « C'est tellement tonique, cet enthousiasme des jeunes », disaient-ils en hochant la tête, sûrs que le temps plomberait cet idéalisme d'une dose salutaire de cynisme, sans compter les responsabilités familiales.
Mais ni le mariage ni la naissance d'un fils, suivie, onze ans plus tard, par celle d'un fille, n'avaient changé quoi que ce fût chez le Dr Schroff. Avec le temps le déséquilibre entre sa ferveur à soulager les souffrances et son désir de gagner confortablement sa vie n'avait fait que s'accroître.
« Quelle déception, disaient amis et parents. Nous qui avions mis en lui de si grands espoirs. Et le voilà qui continue à travailler comme un esclave, comme un fanatique, refusant les plaisirs de la vie. Pauvre Mrs Schroff. Jamais de vacances, jamais de fêtes-- une existence sans la moindre distraction. »
Passé la cinquantaine, âge où la plupart des généralistes envisageaient de travailler à mi-temps ou de s'adjoindre les services peu rémunérés d'un plus jeune, ou même de vendre leur clientèle afin de prendre leur retraite, le Dr Schroff n'avait toujours ni le compte en banque ni le caractère qui produisent de tels avantages.
Il se porta au contraire volontaire pour diriger une campagne de soins dans les districts de l'intérieur, dans ces villages où la typhoïde et le choléra continuaient à tuer régulièrement.
Mais Mrs Schroff se lança dans une autre sorte de campagne : dissuader son mari de se précipiter vers une mort qu'elle savait certaine. Pour cela, elle tenta de s'adjoindre Dina qui a douze ans, était le chouchou de son père. Mrs Schroff savait que son fils, Nusswan, ne lui serait d'aucune aide. L'enrôler dans cette entreprise aurait supprimé toute chance de voir son mari revenir sur sa décision.
Le brutal changement des relations père-fils remontait à sept ans auparavant, le jour du seizième anniversaire de Nusswan. Au cours du dîner qui réunissait oncles et tantes, l'un d'entre eux dit : « Eh bien, Nusswan, tu vas bientôt commencer tes études de médecine, pour suivre les traces de ton père.
- Je ne veux pas être médecin. Je veux entrer dans les affaires-- import-export. »
Certains approuvèrent, d'autres se récrièrent, feignant d'être horrifiés. « Est-ce vrai ? dirent-ils à l'adresse du Dr Schroff. Pas de partenariat père-fils ? - Bien sûr que c'est vrai. Mes enfants sont libres de faire ce qui leur plaît. »
Mais la petite Dina, cinq ans, avait vu le chagrin sur le visage de son père, avant qu'il ait pu le dissimuler. Elle se précipita sur ses genoux en criant : « Papa, quand je serai grande, je veux être docteur comme toi.
Et tout le monde de rire et d'applaudir, et de s'exclamer : quelle petite fille intelligente, qui sait ce qu'elle veut. Puis de murmurer que le fils n'était pas fait de la même étoffe que son père. Pas d'ambition : il n'irait pas loin.
Les années passant, Dina avait exprimé à nouveau son souhait ; son père continuait de lui apparaître comme une sorte de dieu qui procurait la santé, combattait la maladie, et parfois réussissait, temporairement, à déjouer la mort. Quant au Dr Schroff, sa fille le ravissait. Le jour de la réunion des parents d'élèves à l'école du couvent, le directeur et les professeurs, ne tarissaient pas d'éloges sur son compte. Ce qu'elle entreprendrait, elle le réussirait, le Dr Schroff en était certain.
Mrs Schroff, pour sa part, était certaine qu'il lui fallait absolument l'aide de Dina pour convaincre le Dr Schroff de renoncer à son projet philanthropique stupide. Mais Dina refusa de coopérer, désapprouvant tout recours à garder son père bien-aimé à la maison. (Pages 25 à 27)

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